Le fait certain c’est que le progressisme a joué contre son camp. Fort de la conviction d’avoir les vraies valeurs de son côté, il atourné le dos petit à petit à l’esprit de la démocratie. Il s’est enfermé dans le déni des réalités dérangeantes. Il est devenu sectaire usant et abusant du mépris social et de la disqualification morale des contradicteurs. Il s’est replié sur une base sociologique étriquée, en gros la petite bourgeoisie diplômée des métropoles, en se coupant de la masse de la population. Il en est à se réfugier derrière les juges. Or, la règle nonécrite mais incontournable de la démocratie, c’est l’acceptation loyale du conflit, qui commence par le respect de son adversaire et la prise en compte de ce qu’il exprime, surtout quand il s’agit du vœu majoritaire sur une série de questions. En l’ignorant , le progressisme dominant s’est mis dans la position de l’assiégé, face à une protestation montante qu’il a renoncé à comprendre.
Marcel GAUCHET
(LE MONDE, 27/08/25)